vendredi 16 octobre 2020

LE CREPUSCULE ET L'AUBE de Ken Follett

Sorti le 17 septembre 2020 

Résumé : En l'an 997, à la fin du haut Moyen Âge, l'Angleterre doit faire face à des attaques de Gallois à l'ouest et de Vikings à l'est. Les hommes au pouvoir exercent la justice au gré de leurs caprices, s'opposant non seulement au peuple, mais aussi au roi. Sans l'existence d'un État de droit, c'est le règne du chaos.

Dans cette période agitée, trois personnages voient leurs destins s'entrecroiser. La vie du jeune Edgar, constructeur de bateaux, bascule quand la seule maison dans laquelle il ait jamais vécu est détruite au cours d'un raid viking, le forçant lui et sa famille à s'installer dans un nouveau hameau et repartir de zéro. Ragna, jeune noble normande insoumise, se marie par amour à l'Anglais Wilwulf et le suit de l'autre côté de la Manche. Cependant, les coutumes de la terre natale de son époux sont scandaleusement différentes des siennes. Tandis qu'elle prend conscience que dans son entourage se joue une bataille perpétuelle et violente pour le pouvoir, elle craint que le moindre faux pas n'ait des conséquences désastreuses. Aldred, moine idéaliste, rêve de transformer sa modeste abbaye en un centre d'érudition qui serait reconnu à travers toute l'Europe. Chacun d'eux à son tour s'opposera au péril de sa vie à l'évêque Wynstan, prêt à tout pour accroître sa richesse et son pouvoir. 


Mon avis : Ce roman, écrit par le maître du roman historique Ken Follett, était ma grande attente de cette rentrée. Et je dois dire que mes attentes ont été plus que dépassées ! S'inscrivant dans la saga Kingsbridge, l'action de ce roman se déroule avant l'action des Piliers de la Terre, premier tome de cette saga et paru il y a 30 ans. Cela nous permet de découvrir la naissance de ce village, centre des tomes suivants. 

Ce préquel nous fait donc embarquer pour l'Angleterre de la fin du 10ème siècle, et on est plongés dans cette époque aux mœurs à mille lieux des nôtres, et même en y connaissant rien, on vit au rythme de ces personnages ayant une vie bien différente de celle que nous menons. Le talent de Ken Follet réside avant tout je pense dans son travail de recherches, et sa minutie quant à absolument tous les aspects de son roman. Tout y est décrit : vie courante, amours, pouvoir, clergé... Et c'est ce que j'aime le plus. On sort de ce roman ébahi par tant de travail, et aussi et surtout avec tout un tas de connaissances au sujet d'un des siècles les plus sombres de l'histoire, de par ce qui s'y est déroulé, mais aussi de par notre ignorance à son sujet. L'auteur est parvenu à mettre en lumière cette période quasiment inconnue, et il l'a fait admirablement bien. Le récit trouve une vraie résonnance avec la période actuelle, et on parvient finalement bien à s'identifier à ces personnages évoluant pourtant dans un monde mille ans avant le nôtre, mais j'y reviendrai en détail un peu plus loin dans ma chronique.

Mais venons-en un peu plus au récit. Le roman se déroule sur dix années, le transformant en une majestueuse fresque historique de 850 pages. On y découvre et suivons principalement trois personnages, dont les destins sont liés d'une manière ou d'une autre : le prieur Aldred, le jeune Edgar, et la noble normande Ragna. Ces trois personnages m'ont fait vibré et m'ont ému du début à la fin. Ce n'est rien de dire que la vie à cette époque n'était pas tendre, entre les raids vikings ravageant l'Angleterre, les maladies, les morts précoces, les trahisons, les violences, et les mœurs dissolues ne laissant pas une grande place à la loi. Ces trois personnages vont devoir faire face à de nombreuses difficultés au cours de cette décennie, mais vont se démener pour amener un peu de bon dans leur vie et celle des autres. Sans être totalement manichéen (mais pas loin), ce roman laisse quand même la part belle à la guerre du bien contre le mal, et on adore détester les méchants de l'histoire, et hurler après l'injustice de certains rebondissements. 

Je me suis énormément attachée au personnage d'Edgar, et à celui de Ragna. Ces deux jeunes gens sont précipités dans des vies à mille lieux de leurs attentes, et doivent faire face à de nombreuses trahisons et injustices. Leur "réalité" n'a fait qu'ajouter à mon attachement, Ken Follett a instillé une grande modernité dans ces personnages mais aussi sur d'autres, qui ne souhaitent pas se contenter de la vie qu'on leur a donné, mais bien décidés à saisir leur chance. Je pense que c'est cet aspect de modernité dans un roman se déroulant il y a mille ans qui a crée chez moi un coup de cœur. 

Enfin, la normande en moi a adoré chaque incursion en terre normande, et les inspirations que Ken Follett a trouvé dans la Tapisserie de Bayeux a fait rayonner la fière bajocasse que je suis. 

Merci mille fois à Ken Follett de nous faire voyager dans le temps avec ses romans, cette plongée dans le passé ne m'a pas laissée indemne, mon petit cœur de lectrice passionnée va mettre un petit temps à s'en remettre, c'est certain. 

Mes extraits : "Quand les témoins n'étaient pas d'accord entre eux, il existait une procédure pour les départager: l'un d'eux devait subir une ordalie, telle que saisir une barre de fer chauffée à blanc et faire dix pas sans la lâcher, ou plonger les mains dans l'eau bouillante pour en sortir un caillou. 
En théorie, Dieu était censé protéger celui qui disait la vérité. En pratique, Aldred n'avait jamais connu personne qui fût prêt à subir ce genre d'épreuve."
***
"Elle aimait Wilf, elle le désirait. Il l'avait trahie, trompée, et pourtant, elle ne pouvait supporter l'idée de vivre sans lui. Elle se maudissait de sa faiblesse."
*** 
"- Calme-toi, Dreng, dit Leaf. Tu fous bien deux femmes - est-ce pour autant que tu es une catin mâle? 
- Voilà un moment que je ne t'ai pas foutue, toi. 
- Une grâce dont je remercie le ciel tous les jours."

Chronique de Lilice Twi-Cops 

Broché : 848 pages 
Edition : Robert Laffont


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