OXYGEN de Johanna Marines

Sort le 22 octobre 2020

Résumé : 2216, la montée des eaux et la pollution ont transformé le monde actuel et augmentent les clivages entre la population. Elle ne doit sa survie qu’à la transplantation de bonbonnes d’oxygène avec différentes autonomies selon la catégorie sociale à laquelle on appartient. Mais comment vivre ses rêves quand l’air lui-même se vend et s’achète comme un vulgaire bien de consommation ? 

À Toronto, la rébellion commence. Maïa et Naos, en quête de vérité, devront choisir entre y participer ou subir le diktat de la société. ​ 

Suite au succès de Cendres, Johanna Marines revient avec Oxygen, un roman d’anticipation futuriste. L’auteure décrit les conséquences des dérives de l’humanité en imaginant un monde où les nouvelles technologies sont indispensables à la survie. ​ 

Si l’air devenait toxique, jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour respirer ? 

Mon avis : Je remercie tout d'abord la maison d'éditions SNAG fiction pour l'envoi en avant-première de ce roman. J'avoue ne pas avoir trop su à quoi m'attendre avec ce roman quand je l'ai reçu, car je ne suis pas la plus grande fan de romans d'anticipation, mais je m'y suis plongé finalement très facilement ! 

On suit dans ce roman les aventures sur une petite année de Maïa, une jeune femme d'une vingtaine d'années, qui vit à Toronto en 2216. Elle a une vie bien différente de la nôtre, et c'est le moins que l'on puisse dire. Dans ce roman d'anticipation, le futur est vu d'une façon extrêmement pessimiste, avec un air devenu toxique, une planète recouverte par les eaux, et plus aucun animal ni plante sur la planète. En bref, plus autre être vivant si ce n'est l'humain, qui a réussi à mettre la technologie à son service pour s'adapter à son nouveau milieu de vie. 

Les tensions dans cette nouvelle société, séparée en trois castes selon leurs moyens, et ne bénéficiant pas tous des mêmes réserves d'air pur, se font de plus en plus fortes, et notre héroïne va s'élever au fur et à mesure contre les injustices qui la révulsent. Elle va tout faire pour percer les secrets des dirigeants de la ville de Toronto, seule rescapée de la montée des eaux, et cela va l'entraîner dans des aventures dangereuses et inédites. 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Maïa est un personnage très fort moralement, déterminé et tenace. Cependant, j'ai eu un peu de mal à m'attacher à elle. J'ai préféré les personnages secondaires comme Naos, le meilleur ami de Maïa, qui à mon grand regret n'a pas assez été exploité à mon goût, du moins assez superficiellement, tout comme Jade, l'amie cryogénisée de Maïa. Toujours est-il que j'ai apprécié l'évolution de Maïa, et j'ai beaucoup aimé sa manière de faire face à sa condition et à sa société inégalitaire. 

L'un des énormes points forts de ce roman et la sonnette d'alarme que l'auteure a tiré, de manière pas du tout discrète certes, mais c'est tant mieux. Car en effet, le point de départ de cette dystopie est tout simplement le monde dans lequel on vit. On peut bien se voiler la face, notre monde va très mal, et je ne pense pas qu'on soit si loin des extrémités vues dans ce roman... Et il est nécessaire qu'on se secoue, avant de finir sur une Terre épuisée de tout, par notre faute. Autre petit point appréciable (et apprécié !), ce sont les petites illustrations qui parsèment le roman, et aident à mieux visualiser certains éléments auxquels les protagonistes ont affaire (comme les bâtiments).

Certains détails incohérents m'ont parfois fait tiquer, et la fin a manqué d'approfondissements pour moi. Le coup de cœur n'est malheureusement pas né entre les pages de ce livre. N'étant pas fan de dystopies, je pense que cela a fortement joué dans mon ressenti final. 

En tout cas, la plume de l'auteure m'a vraiment convaincue, c'est très agréable de lire ses phrases sans répétitions, avec des mots un minimum recherchés, bref une plume d'une grande qualité que je me ferais un plaisir de redécouvrir, mais dans un autre genre. Et encore une fois, c'est un avis purement personnel, très subjectif, car je suis sûre que ce roman trouvera son public et saura mener sa route jusqu'à de nombreux coups de cœur ! 

Encore une fois merci aux éditions SNAG pour cette jolie découverte 😊

Mes extraits : "En cascade, les espèces disparurent au fur et à mesure, sans que l'Homme puisse rien y faire, et la biodiversité s'amenuisa. Il fallait agir, les mouvements écologiques se mirent à crier au scandale. Malheureusement, il était trop tard pour tirer la sonnette d'alarme. La disparition du moustique, et d'autres espèces après lui, impacta tous les prédateurs naturels. L'effet papillon se répercuta d'un bout à l'autre de la planète, tuant les animaux un à un. Ce fut la fin du règne animal."

***

"Cette fois, c'était mon tour d'être profondément chamboulée par ce que je venais d'apprendre. Jade et moi, indifférentes aux regard es passants curieux, étions toujours plantés devant le centre, confrontant nos vécus, nos visions de la vie. Je ne défendais pas mes pairs qui pratiquaient l'eugénisme, bien au contraire. Je tentais plutôt, peut-être par honte, de décriminaliser les actes contre-nature que nous commettions. Était-ce un crime ? On repoussait chaque jour un peu plus les limites de la mort grâce aux avancées médicales, alors contrôler la vie, était-ce si réprimandable ?"

***

"Le paysage était surréaliste. Des corps jonchaient les canaux et les pontons désormais déserts. Dans cette atmosphère de fin du monde, j'eus soudain l'impression d'être une fugitive. Aucune âme qui vive à la ronde. Seule la mort planait dans le vent."

De Lilice Twi-Cops 

Broché : 492 pages 

Editeur : SNAG