lundi 11 mars 2019

ROUGE de Julie Huleux

Sortie du 06 Mars 2019

Résumé : Alexandre est sapeur-pompier, il voit tous les jours des drames de la vraie vie. Ophélie rêve de faire le documentaire-choc qui lui ouvrira les portes d'une grande école de cinéma. Elle va le suivre avec sa caméra tout l'été, sur ses missions de secourisme et au cœur du danger. Mais il y a un monde entre la fiction et la réalité, surtout lorsqu'il faut jongler entre devoir professionnel et sentiments...

Mon avis : Il s'agit là de ma première romance mettant en scène des pompiers. Je n'allais donc pas passer à côté, même si j’avoue que la couverture ne m’emballe pas. Par contre je n'avais pas fait attention au prénom du personnage masculin 😃Il s'appelle Alexandre, comme mon fils, qui est également sapeur-pompier mais le mien a été JSP pendant 4 ans, et il est un poil plus jeune quand même. Alors j'admets que ça m'a fait drôle et que ça m'a quelque peu perturbé. Mais au moins je n'étais pas perdue avec les expressions, le vocabulaire employés et les récits des interventions. Lol.
La plume de Julie Huleux est fluide et maîtrisée. Son sujet est travaillé et développé avec ce qu'il faut de technicité sans pour autant nous noyer. Et malgré les interventions qui sont loin de nous vendre du rêve, l'auteure réussit à nous transporter avec ces sapeurs-pompiers aussi bien lors de leurs manœuvres, leurs formations et leurs interventions. C'est un bel hommage qu'elle rend à ces hommes et femmes qui interviennent au péril de leur vie.
Nous avons une double narration avec les points de vues d’Alexandre et d’Ophélie. Ce qui nous permet de découvrir et ressentir ce que vit Alexandre dans son quotidien de sapeur-pompier, tout en le vivant de l'extérieur avec Ophélie et sa caméra. Les deux combinés nous plongent sans détour et sans filtre dans l’univers de ces héros.

Alexandre est sapeur-pompier volontaire dans le sud de la France, à la caserne de Ganges. Il s'est engagé avec son meilleur ami, Lucas. Sauver des vies, et être au service des autres, c'est une évidence. Alors qu’il est de garde, Alexandre est appelé pour une intervention. Avec son équipe, ils vont prendre en charge une jeune femme inconsciente qui ne réagit à rien. 

Ophélie est une future cinéaste et si en septembre elle va intégrer une prestigieuse école de cinéma sur Paris, en attendant se sont les grandes vacances. C’est donc dans le but de s’amuser qu’elle se rend, avec ses meilleures amis, Célia, Baptiste et Jean-François, à un festival. Elle s’amuse, boit de l’alcool bon marché et c’est le trou noir …

Plus de dix jours vont passer quand Ophélie et Alexandre vont se revoir, lors du bal du 14 Juillet. Et là c’est le déclic pour Ophélie, elle doit faire un film sur les pompiers et son sujet sera Alexandre. Avoir un nom peut servir, pour preuve ça a permis à Ophélie d’avoir son autorisation de filmer les sapeurs-pompiers lors de leurs interventions et de leurs formations.


Ophélie va devenir l'ombre d'Alexandre, et grâce à ce documentaire, elle va montrer au public l'envers du décor de ses hommes et ses femmes qui risquent leur vie au quotidien. Et même si Alexandre a été clair dès le départ sur le fait qu'il ne pouvait rien se passer entre eux, Ophélie ne pourra pas résister à son charme et sa bienveillance. Tout comme Alexandre ne pourra pas résister à la volonté et la force de caractère de ce petit bout de femme.

Au niveau des personnages, il y a Lucas le meilleur ami d'Alexandre. Ils sont comme deux frères, sauf que lui, c'est le rigolo et l'insouciant de ce duo. Nous allons également faire la connaissance des pompiers de la caserne. Du côté d'Ophélie, il y a Célia, sa meilleure amie. C'est une fêtarde, et son passe temps est de s'amuser des hommes. 

* Alexandre est un jeune homme discret, réfléchit et calme. Il est grand, imposant et bien bâti. Sa différence avec Lucas ? Il est roux, ce qui lui vaut son surnom de Rouge. Si il aime ce qu'il fait à la caserne, il ne sait pas trop de quoi son avenir sera fait. Sera-t-il pro comme son frère qui est pompier de Paris ? Fera-t-il autre chose ? Une seule chose est sûre, ses sentiments pour Ophélie.

* Ophélie est une jeune femme qui profite de ce que la vie lui a donné. Elle est belle, a de l'argent et un nom. A première vue, elle est superficielle et a tout de la petite fille riche. Mais en apprenant à la connaitre, on découvre une jeune femme passionnée et respectueuse qui cherche juste à se protéger. Son nom, elle évite de l'utiliser et cherche à réussir par elle-même. 

En bref, une incursion intense, captivante et réaliste dans la vie des pompiers. Mais rassurez-vous ce roman n'est pas un documentaire sur le quotidien des pompiers, non, c'est aussi une romance entre une future cinéaste et un beau et grand pompier !

***Merci à Élise et à la Collection Émoi***


Mes extraits
Les petits cheveux se dressent sur ma nuque. Je frissonne. Un adolescent plonge du haut des trente mètres du Pont du Diable sans que quiconque puisse l’en empêcher, et, sous les yeux de tous les vacanciers aux sourcils aussi froncés que les miens, le drame se produit.
Un dernier canoë apparaît pile sous le point de chute.
Ses passagers ignorent tout du danger qui se préparait en hauteur…
L’adolescent percute l’embarcation avec la force d’un boulet de canon.
C’est un hurlement de stupeur qui s’élève depuis la crique. Un cri auquel Célia participe, sous le choc, alors que j’ai les yeux agrandis par l’horreur de l’avoir vu venir. J’ai prédit cet accident, tout le monde aurait pu, mais moi je l’ai imaginé trop fort, presque vu en avance, comme des plans de cinéma. Découpage : gros plans sur les corps qui se désarticulent, visage du gamin qui se noie, de sa mère qui coule, mise au point, vue d’ensemble, ralenti, musique en fond et bruitages pour augmenter l’effet en post-production. Horrible.
Le bruit du choc, pour de vrai, est étrange. La matière synthétique du canoë en plastique dur, et le spongieux d’un être humain qui s’effondre avant d’enfin venir troubler l’eau dans un splash de mauvais augure.
Tout de suite après, deux plongeons résonnent. Je retiens mon souffle en comprenant qu’Alexandre et Lucas se sont jetés à l’eau pour aller au secours des victimes. De longues secondes où on ne voit rien au milieu des remous et à travers la foule qui s’est approchée. Le canoë renversé, brisé, commence à couler.
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu…
Ils sortent enfin la tête de l’eau, Lucas traînant une personne dans ses bras, Alexandre deux autres. D’un commun élan, les spectateurs applaudissent. J’expire à peine en les regardant s’approcher du bord, et ne réfléchis plus en me mettant à courir sur la plage caillouteuse pour réduire la distance. Des hommes les aident à sortir les victimes avec précaution.


*** ***
Puis, petit à petit, j’oublie qu’elle me filme en gros plan. Je lui raconte quelques-unes de mes plus dures interventions et des anecdotes de mes collègues. J’évite les détails gores, mais je parle de la difficulté de certaines situations.
— Le pire, pour nous tous, ce sont les enfants. Quand on ne parvient pas à sauver un enfant, c’est dramatique. Toutes les vies sont importantes, bien sûr. Mais une petite vie, c’est pire. J’ai eu une seule intervention avec décès d’enfant pour le moment. J’en ai pas dormi pendant deux semaines… J’imagine même pas pour mon chef d’agrès : la gamine était une copine de classe de sa fille.
À ce souvenir, je passe nerveusement les mains sur mon crâne. On avait accompagné notre collègue aux obsèques de la fillette, présenté nos condoléances aux parents dévastés, et l’image de ce petit cercueil laqué de blanc m’habite encore.
— C’est affreux, compatit Ophélie.
— Oui. Mais c’est aussi la vie. On en sauve beaucoup, on en perd quelques-uns. Même si on se met en danger.
— Tu n’as pas peur ?
— Pour moi, non. Mes prises de risques sont calculées. Pour les victimes non plus, parce que nos procédures d’intervention sont bien rodées, lui dis-je en plantant mon regard vers l’objectif comme si c’était ses yeux. Mais quand tu as eu un coup de chaud dans le caisson d’entraînement, là j’ai eu peur.
Elle se redresse, interloquée que je parle de ça dans son film.
— On a peur pour nos proches. C’est impossible de se détacher. J’ai eu peur tout à l’heure, quand je t’ai vue avec ce casque dans les mains et du sang sur toi. Une peur animale qui n’a rien à voir avec ma façon d’être avec les autres.
Je lui adresse un sourire peiné, tant l’épisode m’est douloureux. Elle va mieux, mais je ne sais pas combien de temps il me faudra pour oublier la violence du choc qui se reflétait dans ses yeux.


Chronique de Coco Tessie-Cops
Broché: 280 pages
Éditeur : Emoi
Collection : &moi

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