mercredi 20 septembre 2023

GORAN, de Emma Landas

Sorti le 7 mars 2018

New adult / Romance

Résumé
Charlie n'est pas rêveuse, mais déterminée, ça, oui. Issue des mauvais quartiers de Chicago et d'une famille tout aussi peu reluisante, elle compte bien s'offrir un avenir meilleur.
Les hommes sont accessoires, son expérience l’a convaincue de ne pas compter sur eux.
Elle ne connaît que les bad boys et a fini par se convaincre que le romantisme et l’amour ce n’est pas pour elle.
Mais voilà, il y a ce type qui vient chanter un soir dans le bar où elle travaille, et qui ne la traite pas comme les autres. Difficile de ne pas craquer.
Comment pourrait-elle imaginer que ce beau brun à l'accent français et aux origines slaves a prévu de s'engager dans un tout autre genre d'amour ?

Mon avis : Après avoir eu un gros coup de cœur pour Anathème de Lily Degaigne, j'ai entendu parler de Goran, présenté comme ayant certains points communs avec Anathème. Alors je n'ai pas hésité longtemps, et me suis lancée. 

Déjà, premier gros point positif pour ce roman : il m'a sorti d'une panne de lecture d'à peu près deux mois 😂 c'était inespéré, mais enfin j'ai retrouvé le goût de me plonger dans un roman, alors rien que pour ça, merci à l'auteure (et à Goran 😏). Pour parler de cette dernière, je connaissais déjà sa plume par différents romans, que j'avais tous beaucoup aimé. Toujours bien travaillés, fluides, bref, elle est devenue pour moi une valeur sûre. Et ça a encore une fois fait mouche avec ce roman.

Emma Landas n'hésite pas à aborder des sujets durs, parfois de manière crue. Mais finalement, c'est parfois comme cela que l'on s'attache le plus aux personnages. Mettre en lumière des évènements choquants permet aussi de se questionner, de se projeter, et c'est pour moi parfois incontournable. Selon le sujet évoqué, il est parfois nécessaire de parler de ces faits de manière claire. Pour certains, cela peut être trop compliqué à lire, donc il est important de dire que ce roman met les mots sur des sujets très durs, comme la guerre, la mort, le viol. La violence tient une grande place dans ce récit, mais de manière maîtrisée et jamais vainement. 

Pour parler un peu plus du récit, dans ce roman on découvre Charlie, qui a une vie pourrie. Elle veut absolument partir loin de son quotidien, et se donne un an pour y parvenir. Mais pas évident quand on est caissière et serveuse dans un quartier qui craint, alors même si elle essaye de ne pas perdre espoir, ce n'est pas évident. Quand le destin met Goran sur sa route une première fois, elle se voit bien l'ajouter à son tableau de chasse. Mais quand ils sont amenés à se côtoyer d'un peu plus près, elle se rend compte que ce jeune homme n'est pas du tout comme ceux qu'elle a l'habitude de fréquenter, et qu'il lui est interdit. Malgré tout, l'attraction entre eux est indéniable, et se noue au fil des pages une relation particulière entre ces deux jeunes gens brisés par la vie. 

Difficile de ne pas trop en dire sur ce roman. J'ai vraiment beaucoup aimé le personnage de Goran. Malgré une vie difficile (et c'est peu de le dire), il est fort de résilience et d'amour. J'ai eu un peu plus de mal avec le personnage de Charlie, qui est un peu brute de décoffrage et parfois trop égoïste à mes yeux. Toutefois, elle aussi a traversé des évènements compliqués, et son comportement peut s'expliquer par tout ça. Les personnages secondaires quant à eux étaient attachants, enfin surtout Mel, la patronne de Charlie, qui va faire acte d'une aide inestimable pour la jeune fille. Les autres personnages sont plus effacés, laissant la place aux protagonistes, même si par exemple les frères de Charlie vont avoir leur importance. 

En définitive, j'ai passé un vrai bon moment avec ce roman. La romance, quoiqu'un peu rapide à se mettre en place, m'a touchée, comme la rencontre de deux âmes en peine. Goran a été pour moi mon coup de cœur de ce roman, c'est un vrai gentil, au cœur tendre et plein de bons sentiments malgré ses dérives. L'intrigue m'a aussi plu, et la plume n'avait plus à faire ses preuves pour moi. Si je n'ai pas eu de coup de cœur, surtout à cause de Charlie, qui pour moi n'était pas aussi convaincante que notre héros, je ne peux que recommander ce roman, au destin plus fort que tout, à l'amour inéluctable, et aux protagonistes qui se tirent mutuellement vers le haut. 

Mes extraits : "Ce n'est pas le traumatisme en lui-même qui est positif bien sûr, mais ce qui le devient, c'est ce que celui qui l'a subi peut en faire. C'est ce vers quoi la dernière étape du deuil, quel qu’il soit, amène. L'acceptation conduit à de nouveaux attachements et à la recherche de signification. À savoir, l'épreuve finit par trouver un sens et la vie s'investit autour de ce « gain ». Pour conduire les enfants à faire ce travail, nous tentons de leur redonner une confiance en eux. Ils ont ce sentiment bien ancré qu'ils ne sont bons en rien et qu'ils ne méritent rien de bon. Leur histoire de vie les renvoie à ce qu'il y a de plus dépréciatif, et à un sentiment de culpabilité primaire. Alors nous essayons de leur prouver que chacun d'eux est une pépite, capable de faire de belles choses. Et mieux encore, nous voulons leur montrer que c'est leur diversité qui font d'eux des joyaux uniques."

***

"Lorsque la vie ne va pas dans le sens que vous aviez espéré ou envisagé, deux réactions s'offrent à vous. Broyer du noir et ruminer, ce qui ne tardera pas à vous emmener plus loin encore dans les méandres de la déprime, ou faire une pause au milieu de la tempête et chercher un début d'éclaircie au travers des nuages opaques."

***

"- Charlie, je suis désolé. Je
- Désolé ? lui ris-je en pleine figure. Désolé pour quoi ? Parce qu'un moment vous me regardez comme si j'étais la plus belle chose que Dieu ait pu créer sur cette Terre et que le moment d'après vous me repoussez comme si j'étais la pire des immondices de cette planète ? Désolée parce qu'affronter mon regard et, comment avez-vous dit déjà ? Ah oui, affronter ma vie et ma légèreté, ça, ça vous est facile et même agréable ? Mais que j'ose vous toucher... Ha Ha ! Alors là, c'en est trop pour vous ! Parce que quoi ? Parce que je ne suis que la traînée qui travaille dans un bar et qui se laisse tripoter pour quelques pourboires, et qui se laisse pourrir la vie par le fameux Tony Vasco ? Hein ? C'est pour ça ? Ou c'est parce que je n'ai pas la moindre culture et n'ai pas fait le huitième d'études dont se vante Monsieur ?"

De Lilice Twi-Cops
Broché : 382 pages
Editeur : Black Ink Editions

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