ORION, T1 Ainsi soient les étoiles de Battista Tarantini

Sorti le 3 janvier 2019

Résumé: Après des années de travail intenses et douloureuses, Leo Kats sera Nikiya dans la Bayadère qui se jouera à l’Opéra de Sydney. C’est la consécration pour cette jeune danseuse. Quelques jours avant la représentation, Orion Atlay, illustre chorégraphe français, s’invite dans l’école de la compagnie pour y créer un ballet irrévérencieux. Et il veut Leo, lumineuse et docile. Seulement elle. Obsédé par la première danseuse, Orion tente tout pour la convaincre. Secouée par les méthodes peu académiques du maître de ballet, troublée par le désir qu’elle ressent pour lui, Leo craint le pire pour sa carrière. Des studios à la scène, en passant par les coulisses de l’Opéra, les deux Étoiles dansent avec leurs ombres. Elles devront se battre pour trouver l’amour.

Mon avis: Pour celles et ceux qui lisent mes chroniques, vous savez que je ne suis pas une franche adepte de la New Romance. Mais avouons franchement qu'avec une telle couverture, on ne peut qu'être attiré par ce livre.
Aussi je me suis lancée dans l'histoire de Leo et Orion qui, à travers l'écriture de Battista Tarantini, nous partagent leur amour pour la danse classique. Une discipline artistique qui demande un investissement extrême autant physiquement qu'émotionnellement. Leo est une étoile montante, Orion est une étoile qui s'étiole mais Orion possède une chose que Leo n'a pas: une âme quand elle danse. Orion Altay n'a jamais été connu pour être un personnage tendre et ses excentricités le précèdent. Alors quand il décide de choisir Leo pour son dernier ballet, il est déterminé à briser tout ce qu'elle connait de la danse pour qu'elle retrouve la liberté et l'envie de partager quand elle danse, mais pour que la magie opère, ils vont devoir s'abandonner corps et âmes quitte à finir brisés.

Pour être tout à fait honnête, même si ce n'est pas un coup de coeur, j'ai passé un excellent moment en compagnie de Leo et Orion. Je ne sais pas si c'est le thème de la danse qui m'a fait vibrer ou encore le style d'écriture percutant de l'auteur qui en est la cause mais la magie a opéré pour ma part. Beaucoup d'émotions sont passées à travers ces lignes mais aussi la réalité de l'exigence qu'impose cette discipline. J'ai beaucoup apprécié que l'auteure donne du fil à retordre à son héroïne et surtout qu'elle ne fasse pas l'impasse sur les dessous des coulisses. Après je ne suis pas non plus une professionnelle de la danse classique et bien que j'apprécie la discipline, je n'en connais pas non plus toutes les spécificités donc je ne pourrais pas jurer que tout ce qu'a écrit l'auteure soit juste, mais personnellement, je n'ai rien trouvé à y redire.

Du côté des personnages, là aussi j'applaudis le travail de l'auteur. Elle a réussi à façonner des personnages charismatiques mais aussi parfois imbuvables.
Prenons Leo. Cette jeune femme possède différentes facettes. Tantôt froide, tantôt ambitieuse, mais aussi hautaine par moment, elle reflète vraiment tout ce que les gens attendent d'elle sur le moment désiré. On pourrait considérer cela comme un manque de personnalité, et c'est d'ailleurs la vérité puisque c'est avant tout pour cela qu'Orion Altay la choisit. Leo est parfaite mais n'a pas d'âme.
Alors quand il entre en scène, quand il commence à travailler avec elle, Leo change. On sent bouillir en elle une énergie nouvelle. Et c'est là que ça devient intéressant, car au-delà de leur relation naissante, on voit renaître Leo. 
Pourtant Orion n'a rien d'un magicien, il représente seulement la vie. Il est émouvant, exigeant, incontrôlable. Beaucoup le voit comme une étoile, je le vois plus comme une comète.

En bref, ce premier tome d'Orion est comme Leo et Altay, une collision entre la perfection et l'imperfection qui amène à une histoire parfois sombre mais accompagnée d'éclaircies. Je lirais bien évidement la suite pour connaître le dénouement de leur histoire et pour une fois que je ravie car je ne devrais pas attendre un an pour l'avoir.

Mes extraits:

— Je ne vous ferai aucun mal, Leo. Je ferai même en sorte de vous révéler, vous qui semblez si parfaite…

Il laisse entendre qu’il voit clair dans mon jeu. Sur scène, c’est l’illusion que je donne. Elle fonctionne mais aucun d’entre eux, à l’exception d’un ami, ne sait à quel prix.

— Et vous le serez vraiment, parfaite, quand j’en aurai fini avec vous, termine-t-il, l’air énigmatique.

— Fini… je murmure en le dévisageant avec crainte.

Atlay enroule brusquement sa main autour de mon bras.

— S’il vous plaît, Leo, souffle-t-il en approchant cette fois son corps trop près du mien. Fermez encore les yeux.

Je tressaille et j’obéis – parce qu’il l’a demandé plus gentiment ? Parce que je suis sous son emprise, malgré moi ?

Il fait glisser ses doigts jusqu’à mon coude en le tenant fermement. Je retiens mon souffle lorsqu’il atteint mon poignet. À cet instant, un rayon de soleil perce un des hublots de la Vigie, il réchauffe et caresse ma joue. Atlay soulève lentement mon poignet dans la lumière : mon biceps se contracte instinctivement, mes doigts se tendent. Ma main finit suspendue au-dessus de nous.

Quand j’inspire, il la relâche d’un coup. Elle s’arrête devant mon visage, immobilisée par un nouveau réflexe.

J’ouvre les yeux avant de les cligner aussitôt, éblouie par le jour.

— Enchaînée, murmure Atlay en libérant mon autre bras. Privée de liberté.

Pendant qu’il recule d’un pas, je laisse tomber ma main qui heurte ma cuisse dans un bruit sourd.

— Parfaite, continue-t-il en faisant glisser ses lunettes sur son nez. Mais vous l’êtes pour Bosco. Seulement pour lui.

Ça sonne comme une insulte, dans sa bouche…

***

— Elle est différente.

J’acquiesce :

— Elle est différente.

Je revois les yeux inquiets de Leo. J’entends la crainte dans sa voix. Je frissonne dans les bras de Claudia.

— C’est un caprice, Orion !

— Oui.

— Tu vas la briser !

Je n’aurais même pas grand-chose à faire pour que cela arrive.

— Non. Elle a le choix, et si elle accepte, ça ne fera pas de moi un responsable. Même si elle fera ça pour moi. Et puis ne t’en fais pas : après, elle continuera à tourner pour Bosco, ou un autre. La variation sera un tel succès qu’on la voudra partout. C’est dommage.

Chroniques de Sandy Twi-Cops

Broché: 340 pages

Editeur: Hugo Romance

Collection: New Romance