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SOUVENIRS
Le 13 novembre 2015 est une date qui restera graver pour tous les français. 138 personnes ont perdu la vie ce jour-là à cause de la folie humaine, mais une partie de chacun d'entre nous s'est envolée avec eux il y a 4 ans.
Un auteur en particulier m'a beaucoup touché par ses écrits et sa façon de voir les attentats en France, c'est pourquoi j'aimerais vous replacer ma chronique du tome 2 d'A la place du cœur d'Arnaud Catherine. Une trilogie que je vous recommande grandement.
Résumé : « La fin de l'année 2015 arrive à grands pas. Je me suis souvent demandé ces derniers mois : j'ai quoi à la place du coeur ? À la place du coeur, j'ai toi. »
Cette saison est celle de l'éprouvant retour de Caumes à la vie. Il est raconté par son cousin, Niels, depuis la côte Atlantique : tout un été à tenter de sortir Caumes de sa torpeur muette et rageuse. Puis c'est Esther qui prend la parole : elle dont Caumes s'est peu à peu éloigné ; elle dont l'amour ne lâche pas ; elle qui, faute de pouvoir tourner la page, s'est persuadée qu'un après était possible dans ses bras. Mais ces jeunes adultes sont aussi les enfants de novembre, les enfants du Bataclan, du Carillon, du Petit Cambodge. La vie n'a pas fini d'être mise à l'épreuve. La vie n'a pas fini d'être à réinventer.
Mon avis : Lorsque son meilleur ami Hakim meurt, victime du racisme montant après les attentats de Charlie Hebdo, une partie de Caumes meurt avec lui. Incapable de surmonter cette perte, le jeune garçon de 17 ans sombre lentement, laissant sa famille et sa petite amie impuissants face à sa déchéance.
A travers les récits de Niels, le cousin de Caumes, d’Esther et de Caumes, lui-même, nous assistons aux premières loges à toute la douleur que l’on peut ressentir après la perte d’un être cher. Et même si l’auteur a décidé que cette seconde saison serait plus axée sur l’avenir de Caumes, on sent bien que des questions plus philosophiques, comme par exemple : « comment peut-on envisager d’être heureux à 17 ans quand le monde devient fou ? », restent le point central de ce roman, et c’est ce point-là qui me parle le plus.
Après tout, qui ne s’est jamais posé cette question « pourquoi ? » ou encore « comment surmonter ça ? » après avoir assisté de près ou de loin à l’ignominie humaine ? J’avoue sans honte avoir fait partie des personnes qui ont eu peur de ce sombre avenir, et pourtant, découvrir cet impact à travers les yeux de Caumes me pousse à penser que non, la vie se s’arrête pas à Charlie Hebdo, ou les autres attentats, que même si la vie est dure, elle vaut la peine d’être vécue à fond et qu’il faut se battre pour que cet avenir soit moins sombre.
Et rien que pour ça, je remercie Arnaud Cathrine de nous faire cette piqûre de rappel, ô combien importante.
Arnaud Cathrine, dont la plume est toujours aussi juste et belle pour décrire à la perfection les émotions, le quotidien parfois ennuyeux d’un étudiant. Qui sait rendre justice à ses personnages, en ne les exagérant pas à outrance ou en minimisant leurs sautes d’humeur.
Comme Caumes, que l’on découvre autrement dans ce second tome. Bien plus sombre, plus apathique. Ou encore la détresse d’Esther qui ne sait pas gérer sa peine de cœur, et désespère de ne pas arriver à sauver le garçon qu’elle aime. Puis, il y a aussi Niels, ce cousin que l’on apprend à connaître. Etranger au vécu de son cousin, il ne comprend tout simplement pas pourquoi il n’arrive pas à continuer à vivre normalement. Le cœur (Esther) et la vie (Niels), deux choses indispensables pour retrouver l’ancien Caumes.
Grâce à leurs trois points de vu, j’ai pu les apprécier, les découvrir un peu plus, les comprendre et me voir parfois à travers leurs yeux d’adolescents. J’ai pu apprécier ou pleurer les événements différemment. J’ai été surprise, aussi, par les révélations de Caumes à la fin, remettant en cause tout ce que j’avais pu imaginer concernant les protagonistes et pourtant qui donne une nouvelle dimension à l’histoire de jeune garçon.
Mais surtout j’ai eu un gros coup de cœur pour cette histoire, même si la relation entre Esther et Caumes me laisse un goût d’inachevé.
Je terminerais cette chronique en remerciant sincèrement la Collection R, pour m’avoir permis de découvrir en avant-première cette seconde saison d’À la place du cœur. Un livre riche en émotions qui narre, avec simplicité, l’existence d’un ado écorchée par la vie et qui ne pourra remonter à la surface qu’en ouvrant son cœur à la vie.
Pour info, une troisième saison est prévue et bien que je compte la lire, je reste quand même surprise vu la fin de ce livre-ci.
Mes extraits :
« Nous pénétrons dans l’eau et avançons avec une détermination calme. Si je voyais ça à la fin d’un film, je me dirais : ils sont partis pour disparaître. Je veux croire que c’est tout le contraire qui nous attend.
Je reviendrai. Je reviendrai.
Ainsi donc va se passer l’été : à taire le fantôme d’Hakim, à faire comme si de rien n’était. Un été de silence, côte à côte, dans la lumière brûlante. Je tente de me convaincre qu’il sait ce qu’il dit, c’est comme ça et seulement comme ça que je pourrais l’aider. En silence.
J’ai un mal infini à reconnaître mon cousin. A le retrouver. Où est Caumes ? Le Caumes d’avant. Farouchement vivant.
Je m’immobilise, l’eau à mi-cuisse.
Je le laisse avancer seul vers l’horizon.
Je l’ai à l’œil.
J’attendrai qu’il revienne.»
*** ***
« Caumes rit. Puis il se tourne vers moi. Il me fait un petit geste de la main. J’ai envie de chialer, je serre les mâchoires. Je pourrais me lever, là, tout de suite et m’accrocher à lui pour embrasser sa bouche, ses yeux, son front, respirer à plein poumons cette odeur indéfinissable qui n’appartient qu’à lui, qui est lui. Je pourrais contredire en dix secondes tout ce qu’il a vu de moi ces dernières semaines et qui m’a évité (à tort ou à raison) d’être éjectée de sa vie.
A partir de là, je sais ce qui va arriver : il ne va pas m’embrasser, pas même une joue, il va s’éloigner, disparaître dans l’obscurité et moi, j’ignore ce que je vais faire de ma peau pendant deux mois. »
Je pleure toujours à ce souvenir. Quel monde horrible. Et je n'ai pas eu la force de lire les livres (même si je sais qu'ils sont bien et pas seulement axés là dessus).
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