TRAVIS de Mia Sheridan

 Sorti le 19 mai 2022

Résumé: Dans ce magnifique livre de Mia Sheridan, nous retournons dans la petite ville de Pelion dans le Maine, où nous avions déjà croisé Archer, pour retrouver Travis son cousin, le chef de la police. Travis Hale a tout pour lui. Un rôle important de chef de la police dans la ville idyllique de Pelion. Un physique qui fait tomber les femmes à ses pieds. Deux neveux et une nièce qu'il adore, et une famille qui lui a par- donné une série de décisions malheureuses prises des années auparavant. Son passé est peut-être criblé de regrets, mais son avenir semble brillant et sans limites. Jusqu'à ce qu'il croise le chemin de Haven, une plantureuse Californienne venue passer l'été dans la région avec son frère. Tous deux ont été engagés au très sélect club de tennis et de golf du coin. Malgré les méfaits de son frère, Haven et Travis se lient d'amitié et vont s'aider et se soutenir mutuellement. Ils découvrent tous les deux que, parfois, il faut tout perdre pour trouver exactement ce dont on a besoin.

Mon avis: Après avoir adoré l'histoire d'Archer (Archer's Voice, chronique de Coco ici), il était impossible que je passe à côté de celle de Travis. Pour celles et ceux qui ne se souviendraient pas, Travis est le demi frère d'Archer, celui qui l'aura rabaissé, insulté, moqué lorsqu'ils étaient plus jeunes. Bien que l'arrivée de Bree et le dénouement du tome précédent ait contribué à renouer les liens entre les deux frères, Travis est encore mal à l'aise vis à vis du mal qu'il a fait. Mais il y travaille en étant un oncle merveilleux et un homme de loi exemplaire. C'est d'ailleurs en exerçant son métier qu'il rencontre Haven lors d'un contrôle routier. La première rencontre n'est pas agréable pour la jeune femme qui doit abandonner ses plantes sur le bord de la route, mais les suivantes lui font réviser son jugement et une belle amitié née entre ces deux-là même si l'attirance qu'ils éprouvent les ronge. Seulement Haven n'est que de passage à Pelion et Travis cherche la stabilité donc mieux vaut ne pas franchir la ligne... Enfin s'ils y arrivent...

Que dire à part que j'ai adoré ce roman. Bon, il n'atteint pas le méga coup de coeur que j'ai eu pour Archer mais, il atteint quand même le coup de coeur. Je vais essayer de ne pas faire trop de comparaisons entre les deux romans mais je me dois quand même d'éclaircir un ou deux point. Avant de commencer ce roman, j'ai été lire quelques avis afin de me préparer mes attentes vis à vis de cette histoire. Bien que je rejoigne l'avis majoritaire que ce tome n'est pas aussi émotionnel que celui d'Archer, j'ai quand même trouvé qu'il était magnifique. Il était évident que Travis ne serait pas Archer. Travis a certes un passé émotionnel fort mais le handicap d'Archer l'avait placé dans une autre dimension à cause d'une thématique qui touche bien plus que celle de Travis. Donc oui, ce sont deux romances bien différentes mais qui sont toutes les deux magnifiques et qui ne peuvent que toucher les lecteurs car Mia Sheridan a su faire le job en nous faisant apprécier un personnage que j'ai pourtant détesté.

A travers cette histoire, j'ai redécouvert Travis à travers les yeux de Haven. J'ai ressenti ses peurs, ses attentes, son mal être. On dit souvent qu'une séparation entre deux adultes impacte énormément les enfants surtout quand les parents se déchirent. Eh bien, nous avons la preuve avec cette histoire. Mais ce n'est pas tant ça qui m'a touché chez Travis mais sa volonté de changer. Sa volonté d'être meilleur. Alors bien évidement, Haven y est pour beaucoup, elle va être le facteur qui déclenche la phase d'action mais Travis avait quand même fait la moitié du chemin par lui même, ce qui le rend admirable mais aussi leur histoire plus belle car Haven devient un personnage certes central mais pas non plus déterminant dans ce que devient Travis. 

J'ai beaucoup aimé Haven qui est fraîche, excentrique et marrante. Elle n'a pas forcément un passé facile non plus et se cache derrière l'amour qu'elle porte à son frère qui est tout pour elle mais ce n'est pas pour autant qu'elle est blasée ou morose ou renfermée sur elle-même. 

En bref, une romance parfaite et magnifique. Encore une fois, il n'atteint pas la même dimension qu'Archer mais c'est tout à fait normal car Archer est un personnage unique et ne peut être comparé. Donc j'aime Travis comme j'ai aimé Archer et je suis ravie d'avoir pu voir la naissance de la romance entre Travis et Haven. Et une chose est sûre, je lirai encore Mia Sheridan qui a une plume vraiment magnifique.

Mes extraits:

Travis, sept ans

– Maman, qu’est-ce qu’il y a ?

Je m’approche tout doucement, le cœur battant, en fixant le dos de ma maman qui tremble. Elle a posé sa tête sur la table de la cuisine, entre ses avant-bras, et sanglote doucement.

En entendant ma voix, elle se redresse. Ses joues sont trempées de larmes, sa bouche se tord dans ce qui ressemble plus à un mouvement de colère qu’à une marque de tristesse. Maman fait souvent cette tête-là. Ses yeux disent une chose, et le reste de son visage, comme les mots qu’elle prononce, disent autre chose. Parfois, ma maman m’embrouille. Je ne sais pas si je dois essayer de l’aider ou si je dois la fuir.

Mon papa ne m’embrouille pas comme ça. Mon papa sourit vraiment, et quand il est triste, ça se voit aussi.

Mon papa a souvent l’air triste. Mais il m’aime, et moi je l’aime. C’est mon héros, et un jour je serai policier, comme lui. Alors il ne sera plus jamais triste parce qu’il sera fier de moi et que ça le rendra heureux.

Maman hausse, puis baisse violemment les épaules en poussant un gros soupir.

– Ton père nous a quittés.

Je cligne des yeux, mon cœur se met à battre très fort. Je murmure :

– Il est parti où ?

En voyage ? En ville, de l’autre côté du lac, pour faire son métier de policier ?

– Qu’est-ce que j’en sais ! hurle-t-elle soudain. (Des éclairs de colère jaillissent de ses yeux.) Il s’est enfui comme un voleur avec ta tante Alyssa et ton cousin Archer. À présent, il veut fonder une famille avec eux. Il ne veut plus de nous.

Je recule d’un pas. Pour m’éloigner de ma maman et de ce qu’elle me dit.

– Non, je chuchote, jamais mon papa ne m’abandonnerait. Avec toi. Il m’aime. Il ne ferait pas ça.

– Oh que si, et c’est exactement ce qu’il a fait, me lance-t-elle.

(...)

– Pourquoi, maman ? je murmure d’une voix brisée en la suppliant de me donner une réponse différente. (J’ai désespérément besoin de comprendre.) Pourquoi est-il parti ?

Maman arrête de pianoter sur son téléphone, elle lève la tête vers moi. Elle me dévisage pendant un certain temps avant de répondre.

– Parce que je suis son second choix, Travis. Nous le sommes tous les deux. Nous l’avons toujours été.

On dirait que quelque chose se dessèche et tombe en moi, comme les pommes flétries qui tombent par terre dans notre jardin. Pouf. Celles dont personne ne veut.

Un second choix. Un second choix. Tu n’es rien d’autre qu’un second choix.

Un second choix qui n’a même pas eu droit à un aurevoir.

***

Bon Dieu, ça fait mal. Ça me tue. Et c’est moi qui me suis mis dans cette situation. C’est la raison pour laquelle tu ne l’as jamais fait auparavant. À présent, c’est clair comme de l’eau de roche. Par le passé, j’ai toujours choisi celles qui ne pouvaient pas me faire de mal. Parce que je ne leur ai pas réellement ouvert mon cœur.

Mais maintenant… maintenant…

J’entends la sonnerie de la porte d’entrée, à l’étage inférieur. Son regard croise le mien encore une fois, ses yeux semblent foncer un peu, puis elle fait demi-tour et se dirige, raide comme la justice, vers la porte.

Je ne suis qu’un pis-aller. Un second choix qui n’a même pas droit à un aurevoir.

Je soupire en frissonnant, ferme les yeux et laisse la douleur m’envahir par vagues.

J’entends son rire en bas et la voix grave de Gage qui lui dit sûrement quelque chose de charmant, de flatteur.

Je ne bouge pas, je reste seul dans la chambre où elle m’a laissé jusqu’à ce que j’entende les portières se refermer et l’Audi – une voiture qui coûte deux ans de mon salaire – quitter l’allée de gravier.

Ce n’est qu’à ce moment-là que je parviens à bouger, à sortir de sa chambre, à descendre les escaliers et à retourner à ma camionnette. Je saute à l’intérieur et je quitte l’allée.

Chronique de Sandy Twi-Cops

Broché: 375 pages

Editeur: Hugo Roman

Collection: New Romance