ARCHER'S VOICE de MIA SHERIDAN

LECTURE EN VO - Attention, lecture pour un public averti

Résumé: When Bree Prescott arrives in the sleepy, lakeside town of Pelion, Maine, she hopes against hope that this is the place where she will finally find the peace she so desperately seeks. On her first day there, her life collides with Archer Hale, an isolated man who holds a secret agony of his own. A man no one else sees. Archer's Voice is the story of a woman chained to the memory of one horrifying night and the man whose love is the key to her freedom. It is the story of a silent man who lives with an excruciating wound and the woman who helps him find his voice. It is the story of suffering, fate, and the transformative power of love.

Mon avis: Quelle belle découverte! J'en suis encore toute chamboulée! J'avoue qu'au départ, je me suis laissée tentée par la couverture alléchante... Puis, le résumé m'a intriguée... C'est quoi cette histoire de voix? Et bien croyez-moi, une fois ce livre lu, le titre prend véritablement tout son sens.

Bree Prescott fuit sa ville natale. Elle a vécu un enfer. Sa mère est décédée lorsqu'elle était jeune d'un cancer et son père est mort 6 mois plus tôt. Elle s'enfuit et débarque dans une petite ville, Pelion, au bord d'un lac, dans le Maine. Elle y trouve un petit cottage à louer et a le sentiment que sa vie peut prendre un autre tournant. Elle sent que c'est l'endroit où elle peut tout recommencer, trouver le bonheur et ne plus vivre ces cauchemars et ces flash-backs tous les matins. Sa petite maison est simple mais confortable, sa voisine Anne est une vieille dame charmante et accueillante. Elle finit par trouver un boulot de serveuse dans le diner du coin. Un jour, en sortant du supermarché, le sac contenant ses courses se déchire et toutes ses courses finissent par terre. Un homme s'approche et l'aide à récupérer ses affaires, y compris ses tampons et ses barres chocolatées... L'homme ne lui adresse pas un mot, la regarde à peine, ne sourit pas. Mais lorsque leurs yeux se croisent, quelque chose passe entre eux. Elle le sent. Mais pourquoi ne lui répond-il pas? Après avoir interrogé Anne, elle apprend que cet homme, Archer Hale, est muet et probablement sourd. Il n'a jamais parlé à personne et est totalement isolé et coupé du monde depuis que son oncle est mort 4 ans plus tôt. Inexorablement, à chaque fois qu'elle passe devant chez lui en allant au bord du lac, elle s'arrête devant chez lui et observe. Jusqu'à ce que sa petite chienne décide de prendre les choses en main et de se carapater dans la propriété. Elle est bien obligée de la suivre pour la récupérer et va tomber sur un Archer torse nu en train de couper du bois.... 

Evidemment, les héros sont physiquement très beaux. Mais franchement, au bout de quelques pages, ce n'est vraiment pas ce qui retient l'attention. J'ai été submergée d'émotions tout au long de cette histoire. Elle est racontée des deux points de vue, à commencer par celui d'Archer quand il avait 7 ans. Ces deux personnages sont d'une beauté intérieure rare. Ils ont tous les deux souffert la perte d'être chers dans des circonstances incroyablement tristes et déchirantes. L'injustice transpire par tous leurs pores. Mais c'est l'histoire de deux personnes qui découvrent qu'ensemble ils peuvent se reconstruire. 

Archer est un autodidacte qui réussit à vivre au bord de la société. Il a appris seul le langage des signes, à construire des choses, il a toujours un projet en cours! Refaire une terrasse, améliorer l'accès à sa maison. Mais tout se concentre sur son territoire. Sortir et rencontrer des gens, à part pour les choses les plus nécessaires comme se procurer à manger, est une chose impossible pour lui. Après tout, s'il ne sort pas, il ne s'attache pas et ne peut donc perdre personne d'autre. Ne pas savoir ce qu'on peut perdre c'est de ne pas souffrir. Les gens le prennent pour un demeuré attardé, tant mieux. Comme ça, ils ne s'approchent pas. Il est devenu invisible. Mais lorsqu'il croise Bree, il se rend compte qu'il n'est pas invisible pour elle. Elle s'intéresse à lui, cherche le contact, à devenir son amie. Et là, il perd tous ses repères. Il ne sait pas interagir avec les gens, il n'a aucun sens de la vie sociale. Il ne sait même pas comment s'y prendre avec une fille dans le sens le plus charnel du terme... Tout ce qu'il sait, c'est son oncle vétéran de l'armée paranoïaque qui lui a appris ou alors il l'a lu dans un livre. Autant dire qu'il y a un univers entre la théorie et la pratique sur le plan social quand on ne sait comment faire qu'à travers des livres. Mais cet homme est meurtri à plus d'un titre. La perte de la parole n'est pas sa seule cicatrice.

Bree est une jeune femme extrêmement courageuse. Elle a vécu un drame incroyable et un élément déclenche sa fuite. Elle se retrouve dans cette petite ville et sans savoir pourquoi, commence très vite à se sentir chez elle. Et Archer est une énigme qu'elle veut résoudre parce que personne ne doit vivre seul, personne ne doit être oublié du monde. Tout le monde a le droit d'avoir des amis. Et personne n'a jamais pris le temps de connaître cet homme au regard farouche mais en même temps doux et attentionné. Elle le voit. Et pas seulement avec ses yeux. Elle le voit avec son âme. Et avec lui, bien qu'il ne soit pas tout de suite très affable, elle se sent en sécurité. Ses cauchemars commencent à s'estomper. Elle recommence à vivre grâce à lui. Mais, le plus terrible, c'est que l'on voit Bree se reconstruire et recommencer à vivre et dans le même temps, Archer se détruit et arrête de vivre... C'est tellement émouvant! Il a tellement peur de l'aimer et de la perdre, qu'il devient angoissé, anxieux, à la moindre chose anormale comme une ambulance qui passe, ou un texto resté sans réponse, il est pris de panique. Aimer c'est perdre. Et il ne sait pas comment devenir un homme, comment assumer. Comment s'assumer et assumer d'autres personnes. Il ne sait pas.

Cette histoire est extrêmement touchante. J'ai vraiment été très émue à plusieurs reprises devant la détresse de certaines situations, devant la beauté et la bonté des personnages, en colère aussi pour la négligence des gens qui nous entourent. Cela m'a fait ressentir tout l'égoïsme dont nous faisons preuve au quotidien, en pré-jugeant, en jugeant, en ignorant. La souffrance des autres ne devrait jamais nous laisser indifférents. On devrait tous prendre le temps d'écouter ce que les autres ont à dire, surtout ceux qui font tout pour se faire oublier, pour devenir invisible. Continuer à les ignorer c'est comme les amputer de leur droit à la parole... Et ce livre, en mettant en scène un homme de 23 ans, muet suite à un accident et à la méchanceté des autres, montre que même lorsqu'on n'a pas les moyens de s'exprimer à voix haute, on a quand même des choses à dire et à montrer. On peut quand même guérir les autres. Quand on aime, on a toujours peur de ne pas être aimé en retour. Là ce n'est pas le cas. C'est la peur que ce ne soit pas suffisant. Que le fardeau soit trop lourd à porter pour l'autre et faire en sorte de changer, de faire des sacrifices, de vaincre ses propres phobies, pour être digne de l'autre. Vraiment, c'est une histoire magnifique où on apprend aussi à communiquer autrement...

Ne pensez pas non plus que ce livre est triste. Ce n'est pas le cas. Certains passages sont drôles et légers. Apprendre à vivre et à se battre n'est pas triste. C'est émouvant mais pas triste.

Quelques extraits?

Extrait n°1:

Sometimes an understanding silence was better than a bunch of meaningless words.

Parfois, un silence compréhensif est meilleur qu'un tas de mots dénués de sens.

Extrait n°2: Archer s'exprime avec ses mains...

"I'm afraid to love you. I'm afraid that you'll leave and that I'll go back to being alone again. Only it will be a hundred times worse because I'll know what I'm missing. I can't…” He sucked in a shaky breath. “I want to be able to love you more than I fear losing you, and I don't know how. Teach me, Bree. Please teach me. Don't let me destroy this."

"J'ai peur de t'aimer. J'ai peur que tu partes et que je sois seul à nouveau. Seulement ce sera cent fois pire parce que je saurai ce que je rate. Je ne peux pas..." Il pris une inspiration saccadée. "Je veux être capable de t'aimer plus que j'ai peur de te perdre, et je ne sais pas comment. Apprends-moi, Bree. S'il te plait, apprends-moi. Ne me laisse pas détruire ça."

Extrait n°3: il se passe de commentaire...

The loudest words are the ones we live.

Les mots les plus forts sont ceux que l'on vit.

Chronique Pat Tessie Cop