vendredi 2 août 2019

LOVE CRESCENDO de Tillie Cole

Sorti le 10 juillet 2019

Résumé: Lorsque Cromwell, 19 ans, est derrière ses platines, les corps se pressent, la fièvre monte. Personne ne lui résiste. Jusqu’à la fille dans la robe violette. Ce soir-là, Bonnie est venue voir l’ex prodige du classique qui lui a inspiré sa passion. Son verdict tombe, implacable : la musique de Cromwell n’a plus d’âme. Cromwell n’aurait pas dû se laisser atteindre. Pourtant, les paroles de Bonnie rallument en lui l’étincelle de quelque chose qu’il croit mort depuis longtemps. Alors, quand le destin les force à travailler ensemble, leur attirance mutuelle les rapproche, leurs sentiments se font plus forts. Et, malgré les secrets qui pourraient leur briser le cœur, jour après jour, leur amour va crescendo…

Mon avis: Je ne vous cache pas que si je n'avais pas vu que l'auteure était Tillie Cole, je n'aurais pas lu ce livre. Et je serais passée à côté d'un coup de cœur. Comme quoi, il ne faut pas toujours juger un livre à sa couverture ou à son résumé. 

Love crescendo, c'est l'histoire bouleversante de Cromwell, un jeune homme de 19 ans, célèbre dans le monde de la nuit pour ses talents de DJ, mais pas que. C'est aussi un amoureux de la musique qui s'est perdu dans sa colère et son chagrin, et qui rejette totalement le don qui fait de lui un maître de la symphonie. Cromwell ne joue pas, il ressent, voit et vit les sons qui l'entoure. On appelle cela la synesthésie. Chaque son produit a un goût, une couleur, ce qui lui permet de l'assembler pour créer la musique parfaite. Toutefois cette perfection a un coût que le jeune refuse de subir. Il aura fallu qu'il croise la route de Bonnie, pour qu'il ressente à nouveau l'étincelle de sa passion. Pour qu'il ait envie de redonner une âme à sa musique. Le voilà donc parti aux Etats-Unis dans une école spécialisée dans les arts, assis dans la classe du célèbre Pr Lewis, où il retrouve Bonnie. L'attirance entre eux va crescendo mais entre les états d'âmes de Cromwell et le lourd secret de Bonnie, aucun d'eux ne sortira indemne de cette histoire.

Quelle histoire magnifique que nous offre Tillie Cole. J'ai beau connaître la plume de l'auteure, elle continue à me surprendre, à m'émerveiller, me faire ressentir des émotions fortes. Tillie Cole a vraiment un don pour écrire des histoires qui ne nous laisse pas indemnes et qu'on a du mal à oublier. Ses textes sont travaillés, ses thèmes approfondis, ses personnages intenses.
J'ai ressentis mille émotions avec Love Crescendo, j'ai vu la musique, j'ai entendu la détresse de Cromwell et Bonnie.

Une chose est sûre, je ne suis pas prête d'oublier Cromwell et Bonnie. Je suis tombée amoureuse de leur histoire. Une histoire triste mais aussi qui véhicule un message d'espoir. Je dois bien avouer que j'ai eu du mal à m'attacher à Cromwell car au début du livre, il est détestable. Il s'est construit une forteresse autour de lui afin de ne rien ressentir. Puis il évolue au contact de Bonnie. Une situation bateau me direz-vous, et je suis totalement d'accord, mais encore une fois, c'est tellement bien écrit qu'on comprend qu'il ait besoin de cette aide extérieure pour voir le monde en couleur à nouveau. Ce que j'ai le plus aimé chez lui, c'est qu'il vit chacune de ses émotions. Colère, rancoeur, amour, tout est vécu à 100%. 
Bonnie quant à elle, je n'ai eu aucun mal à l'aimer. Douce, naturelle, altruiste, mais aussi déterminée à atteindre l'objectif qu'elle s'est donné. 

En bref, une histoire émouvante, bouleversante, haute en couleur. J'ai découvert un nouveau monde à travers les yeux de Cromwell, et mon coeur s'est brisé avec celui de Bonnie, mais je ne regrette pas une seule seconde d'avoir lu cette magnifique romance.

Mes extraits:
— Ta musique n’a pas d’âme, a-t-elle répliqué.
Ses mots m’ont transpercé le ventre comme une lame. J’ai essayé de l’ignorer, de retrouver ma torpeur chronique. J’ai aspiré une bouffée de cigarette.
— On te décrit comme un dieu du podium, mais ta musique n’est qu’un enchaînement de rythmes synthétiques et de tempos banals.
J’ai éclaté de rire.
— C’est de l’électro, lui ai-je rappelé. Je suis DJ, pas un orchestre symphonique. Tu t’attendais à quoi ? À du Mozart ?
Je me suis surpris moi-même. Je n’avais pas aligné autant de mots depuis longtemps.
***
Je suis passée devant une première salle, déjà occupée. Des notes de piano s’en échappaient, résonnant dans le couloir. J’ai posé mon sac par terre et j’ai écouté la mélodie. J’ai fermé les yeux, un sourire jusqu’aux oreilles. La musique me transcendait, me traversait jusqu’aux os. Rien ne me rendait plus heureuse que d’entendre jouer d’un instrument avec talent. J’adorais tous les instruments, mais le piano me touchait particulièrement, sans doute parce que je ne parviendrais jamais à le maîtriser comme la personne qui jouait à ce moment précis.
La musique s’est arrêtée. J’ai ouvert les yeux. Le son du piano a été remplacé par un violon. J’ai essayé de reconnaître le morceau, le compositeur, en vain. C’était une composition originale.
Le violon a été remplacé par la clarinette. J’ai écouté cette personne jouer pendant de longues minutes, jusqu’à ce que le couloir soit plongé dans le silence.
Curieuse, j’ai fixé du regard la porte fermée. Les rideaux étaient tirés, m’empêchant de voir à l’intérieur. Le piano a repris, mais ce morceau était différent du précédent. La mélodie était sombre, grave. Triste. Ma gorge s’est nouée. J’ai posé une main sur la poignée, mais je ne l’ai pas tournée. J’ai remarqué qu’il y avait un espace entre le rideau et la porte, dévoilant l’identité du musicien.
J’avais assisté à de nombreux concerts dans ma vie, mais aucun n’était comparable à ce moment. J’ai observé ses doigts, qui dansaient sur les touches comme des oiseaux sur un lac. Ses bras tatoués. Son tee-shirt blanc. Ses piercings.
Une larme a dévalé sa joue mal rasée, s’écrasant sur le clavier du piano qui exprimait sa douleur et ses regrets. J’avais l’impression de voir Cromwell pour la première fois. Son arrogance et sa colère s’étaient envolées. Le bouclier était tombé.
Il était magnifique.

Chronique de Sandy Twi-Cops

Broché: 352 pages
Editeur: Hachette 
Collection: Hors collection



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