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lundi 4 novembre 2024

FRANKENSTEIN, The 1818 text, de Mary Shelley

Sorti le 1er janvier 1818

Gothique / Science-fiction


Résumé : En expédition vers le pôle Nord, Robert Walton adresse à sa sœur des lettres où il évoque l'étrange spectacle dont il vient d'être le témoin depuis son bateau : la découverte, sur un iceberg, d'un homme en perdition dans son traîneau. Invité à monter à bord, Victor Frankenstein raconte qu'il n'est venu s'aventurer ici que pour rattraper quelqu'un qui n'est autre que la créature monstrueuse qu'il créa naguère, et qui s'est montrée redoutablement criminelle.



Mon avis : On ne va pas se mentir, c'est un vieux livre, mais c'est un classique ! Alors oui, je ne vous cache pas qu'il a été assez difficile de rentrer dans l'histoire, mais une fois qu'on y est et qu'on s'imprègne de cette ambiance horrifique qui constitue le roman, là on commence à l'apprécier à sa juste valeur.

Je pense que ce qu'il est important de remarquer en premier lieu, ce sont les conditions dans lesquelles cette histoire est née. En effet, Mary Shelley et son mari partent en vacances dans un manoir au bord du lac Léman avec Lord Byron, son amante et belle sœur de Mary et John Polidori (qui écrivit d'ailleurs son fameux Vampire à cette occasion). Bref, le cadre est idyllique, mais les orages et les tempêtes se déchaînent à l'extérieur. Alors ils restent dans le manoir et Lord Byron les met tous au défi d'écrire une histoire d'épouvante. C'est ainsi que Mary Shelley écrit sa première ébauche de Frankenstein.

Intrigue
J'ai trouvé l'histoire originale et différente de ce que j'ai pour habitude de lire. On retrouve vraiment l'esthétique de la folie tout au long du roman à travers le personnage de Victor Frankenstein dont on observe la chute progressive. Son hybris (excès) le possède entièrement pendant la confection de sa créature. Il la crée, mais la répugne aussitôt, l'abandonnant ainsi à son sort. La nécessité de l'éducation est aussi l'une des thématiques principales du livre. La thèse défendue par Mary Shelley est celle de Rousseau : l'homme est bon de nature, c'est la société qui le corromp. Frankenstein est tel un nouveau né qui ne sait rien, n'a rien appris. Toute les personnes qu'il rencontre le repousse, rebutés par son apparence. Le seul moyen pour lui d'acquérir des connaissances sera d'espionner une famille durant plusieurs mois. Il apprendra donc à lire et à parler grâce à ce simulacre de lien social. Pourtant il continuera d'être rejeté de la société des hommes et c'est ce qui le poussera à commettre les crimes qui feront sa triste renommé. C'est un être dénué d'humanité.

L'histoire m'a beaucoup plu, très originale et un classique du genre même si ce n'est pas ce que j'ai l'habitude de lire.

Personnages
Walton est le personnage principal du récit-cadre. Tout comme Victor Frankenstein, c'est un autodidacte qui a soif de savoir. Perdu dans une mer de glace, décors éminemment “sublime”, il recueil Victor et son témoignage.

Walton n'est pas un personnage que j'estime beaucoup, il m'est apparu comme vide et inintéressant. 

Victor Frankenstein est le personnage principal du récit enchâssé. C'est un scientifique fou qui ne mesure pas l'amoralité de son acte lorsqu'il met sa créature au monde, pris au piège dans le tourbillon de sa folie destructrice. En effet, durant la majeure partie du roman, on se demande si Victor Frankenstein a bien créé une créature assoiffée de sang ou bien s'il est lui-même cette créature. La thématique du double est ici évoquée comme la théorie réaliste du roman. La créature serait donc le double maléfique du scientifique et sa schizophrénie lui ferait oublier la violence dont il fait preuve. Je trouve ce personnage extrêmement fascinant et intéressant à analyser du point de vu de cette folie omniprésente. Je l'apprécie en effet, mais je hais ses actes et sa façon de se comporter avec la créature qu'il a mise au monde.

Mon personnage préféré en revanche est la créature de Frankenstein. Elle est attendrissante et on a une envie urgente de lui venir en aide et de lui enseigner tout ce qu'on sait, même la moindre chose. Victor paraît sans-coeur et sans pitié // lorsque la créature lui raconte tout ce qu'elle a vécu //. Le scientifique semble même penser que tout est de la faute de la créature et qu'il n'a aucune responsabilité là-dedans. 

Univers
Nous sommes plongés dans un univers “sublime” du point de vue littéraire et les décors dans lesquels les personnages évoluent paraissent extraordinaires et hors du temps avec une Nature qui prend le dessus sur tout le reste. C'est ce que certains pourraient appeler des “longueurs” et je comprends leur point de vue, mais moi je trouve vraiment que c'est une vraie valeur ajoutée dans le roman. Ce sont des décors grandioses qui nous sont décris et je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Entretien avec un Vampire que j'ai lu l'an dernier. À l'époque j'avais cherché à exprimer ce que j'avais lu et la description de la nature qui y était faite. Maintenant je peux vous dire que le roman d'Anne Rice est rempli de cette esthétique du “sublime”. En clair, j'ai adoré cette partie de l'histoire.

L'atmosphère est grisante. On n'a pas peur à proprement parler, mais on se sent rassurés de n'être que les spectateurs de cette histoire.

Style
Le style est très classique et je trouve que ça fait du bien parfois de revenir sur des styles plus anciens, ça nous permet de nous reconnecter avec la langue, ce qu'on perd parfois en lisant des textes récents. Pour autant, le roman est loin d'être “old fashioned”, il est au contraire en avance sur son temps et la thématique est plutôt moderne, assez pour qu'on sente que c'est encore d'actualité. On n'arrive donc bien à se connecter à l'histoire et je pense que c'est aussi pour cette raison que ce livre a traversé les décennies.

Bilan
J'ai beaucoup aimé ce roman et je lui mets facilement une note de 4,5/5.


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Chronique de

Editeur : Le Livre de Poche 
Broché : 352 pages 

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