ON RECONSTRUIT BIEN LES MAISONS APRES LES OURAGANS, de Fabien Fernandez

Sortie le 19 septembre 2018

Résumé : "J'étais las des conseils protecteurs, j'avais besoin d'un peu de danger. J'avais envie de ce pas vers l'inconnu, de faire front avec toi pour nous reconstruire ensemble et pas chaud de note côté."

Détroit, Michigan

Alexis et Peggy, couple de Français expatriés, commencent tout juste à revivre après un drame...

Wallace mise son avenir sur le basket. Mais, lorsqu'il est renvoyé de son équipe puis du lycée, il n'a d'autre choix que d'abandonner ses rêves.

Dolores, vétéran d'Irak, vit dans la rue. Tout ce qu'elle peut économiser la mène vers un seul but : enregistrer les chansons qu'elle écrit.

Quatre destins diamétralement opposés et pourtant si semblables. Que leur réservera cette ville, reflet de leur reconstruction?

Mon avis : Tout d'abord, je tiens à remercier Audrey et Pygmalion pour ce service presse. Ce livre m'a plu, dans un premier temps, pas sa couverture et, dans un second temps, par son résumé. Je ne connaissais pas la plume de Fabien Fernandez; c'est maintenant chose faite et j'ai adhéré.

On reconstruit bien les maison après les ouragans nous enmène dans une des villes des Etats-Unis qui a connu sa gloire entre 1900 et 1930 grâce à l'industrie automobile : Détroit, alias Motor City, dans le Michigan. Nous y découvrons le quotidien de quatre personnes : un jeune couple de français venus s'expatrier aux Etats-Unis suite à un drame vécu en France, un jeune homme passionné de basket qui se retrouve à se chercher une identité suite à des événements qui l'ont amené à se faire renvoyer de son épique de basket et de son lycée ainsi qu'une ancienne soldate de la guerre d'Irak revenue au pays et - comme pour beaucoup de vétérans de guerre aux Etats-Unis - se retrouve sans domicile fixe.

Tout ce petit monde,  à sa manière, tente de survivre dans cette ville qui "souffre" autant que ses habitants.

Nous alternons les chapitres entre chacun des protagonistes de ce livre. Mais un seul fait - pour la plupart du temps - office de fil rouge : Alexis.

Alexis va courir tous les matins. Sur son parcours, il y croise régulièrement une sans-abri : Dolores. Et presque tous les jeudi soir, Alexis et sa femme Peggy commande une pizza : le livreur n'est autre que Wallace. 

L'histoire est très bien écrite. Ce jeune couple de français qui vit ensemble dans une vieille maison - dont la rénovation se fait petit à petit - et qui ne font que se croiser : Lui,  travaillant de jour et elle, traductrice, travaillant de nuit. Cet étudient qui, après avoir été exclu de son équipe, voit son avenir littéralement changer et cette soldate qui s'est battue corps et âmes pour sa patrie et qui est tout simplement "abandonnée" par son pays à son retour.

Même au plus bas, Alexis, Peggy, Dolores et Wallace se battent avec une telle ténacité pour revenir à des jours meilleurs car oui,  nos quatre héros ont tout pour être heureux et, en un claquement de doigt, tout bascule! La vie nous rappelle qu'elle peut être difficile! 

Mais alors, que leur réserve l'avenir?

Peggy arrivera-t-elle a surmonter les petits "rappels de sa vie passée" que le destin a décidé de mettre sur sa route? 

Quant à Alexis, arrivera-t-il lui aussi à surmonter les épreuves que lui réserve la vie?

Wallace arrivera-t-il à quitter Détroit et tout recommencé à zéro dans une autre ville qui l'acceptera tel qu'il est?

Dolores arrivera-t-elle, elle aussi, à quitter cette ville pour enregistrer ses chansons?

Pour avoir les réponses à ces questions, je vous invite à lire On reconstruit bien les maisons après les ouragans 😉

En bref, un magnifique roman dont la lecture est fluide. L'auteur, avec ses descriptions de Détroit, nous fait voyager dans cette ville laissée à l'abandon depuis des années mais qui, comme le phénix, commence à renaitre de ses cendres. Mais ce livre met surtout le "doigt" sur les efforts qu'usent certaines personnes pour survire tout simplement dans un monde où, pour certains, les gens les ignorent tout simplement ou qui luttent pour surmonter un drame.

Mon petit regret, bien que nous ayons quelques brides d'informations : ne pas en savoir plus sur Dolores. Et un petit coup de coeur pour Malesha, la grand-mère de Wallace. La seule personne qui le soutient et le comprend. Elle m'a beaucoup fait pensé à mon propre grand-père.

Mes extraits : 

C'était notre nouvelle ligne de départ. Une escale sans retour possible, où il fallait aller de l'avant. L'opportunité de la maison à Detroit est apparue et nous avons tout plaqué. Cette autre vie ne s'est pas construite en un jour, il a fallu faire des tonnes de papiers, demander de l'aide à la branche américaine de la famille de Peggy et enfin, traverser "le marais de cachets". Une sorte de bourbier gluant débordant de produits chimiques qui bourrent la tête de molles saloperies, qui prennent de plus en plus de place dans le quotidien. Une pilule en réclame une autre et le cercle est foutrement vicieux. J'en ai gobé quelques-unes, je ne suis pas beaucoup plus solide que Peggy. Seulement, je me suis rendu compte avant elle que pour s'en sortir, on devait se soutenir mutuellement.

* * *

Aujourd'hui, c'est FreeDay, je vais donc passer la journée au rythme d'un escargot. Respirer, faire une pause. Malgré mon apparence de zombie matinal, je n'ai pas l'intention de rester comme ça bien longtemps. Même si au final, c'est encore la faute d'Alex, parti courir trop tôt et trop bruyamment. Quelle idée saugrenue d'aller respirer des pots d'échappement par un froid pareil!

Je n'attends pas que la cafetière fasse ses derniers crachats pour me remplir mon Graal. La deuxième dose est toujours la meilleure. Je verse et tiens ma tasse à deux mains, pour éviter qu'on me la vole. Chacun son addiction.

* * * 

Mes parents sont toujours à la maison. Sans job. Virés pour raison économique, il leur a fallu longtemps pour s'en remettre. Les voitures ne se vendent plus et la mairie n'a pas besoin de prestataires pour combler le manque de personnel qu'ils ont crée. Les banques ont un énorme trou dans le coffre-fort et le fonds de pension dans lequel mon père a investi s'est envolé pour Tahiti. C'est à ça que ça ressemble vu d'ici. Vu d'en bas. Moi, je suis le coup de marteau qui a enfoncé le clou rouillé de leurs malheurs. Ils ne cherchent même plus d'emploi car ça leur coûte plus de pognon que ça ne leur donne d'opportunité. Mon vieux se rend parfois à des réunions d'anciens travailleurs. En fait, c'est une juste une bande de types un peu paumés qui crachent sur le salopard d'employeur qui les a abandonnés. Ils picolent, gueulent et se regardent un match ensemble au Rick's Pub. Ma mère remplit ses journées d'une bonne dose de télévision ou en téléphonant à ses anciennes collègues.

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Je crois que malgré les horreurs du front, j'aurais préféré rester dans le désert. Au moins, on peut réellement y avoir des créneaux de solitude entre deux rassemblements. Ici, c'est faussement peuplé et personne ne me regarde ou ne me cause parce que j'ai une tronche de pauvre. Solidarité nationale, mon cul! T'es soldate pour ton pays, tu vas dézinguer du terroriste, mais quand tu rentres, il n'y a personne. Au mieux, on t'inscrit sur la liste gratuite du psy pour soi-disant te sortir de ce foutu PTSD (Post-Traumatic Stress Disorder - Trouble de stress post-traumatique). Je sais que je suis atteinte. Je sais que nous avons vidé nos chargeurs dans ce bled d'innocents. C'était la mission. On a ensuite demandé des comptes. J'ai reçu un avertissement pour avoir ouvert ma gueule et, deux semaines de cauchemars plus tard, on me réexpédiait au pays.

Chronique de Dimka TwiCops

Broché : 240 pages

Editeur : PYGMALION (19 septembre 2018)

Collection : ROMANS