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lundi 16 avril 2018

ON M'A VOLÉ MA VIE, de Jaycee Dugard

Sortie le 4 avril 2018

Résumé: Jusqu’en 1991, j’étais une enfant comme les autres. Je faisais des choses normales. J’avais des amis et une mère aimante mais, un jour, on m’a volé ma vie...
Je suis restée prisonnière pendant dix-huit ans. J’ai été un objet dont quelqu’un a usé et abusé. Pendant dix-huit ans, on m’a interdit de prononcer mon nom.
Je suis devenue mère, et on m’a forcée à devenir la sœur de mes enfants. Pendant dix-huit ans, j’ai supporté l’insoutenable.
Le 26 août 2009, j’ai retrouvé mon nom. Je m’appelle Jaycee Dugard. J’ai survécu. Ceci est mon histoire, écrite avec mes mots, à ma manière, de la façon dont je me la rappelle.

Mon avis: Ce livre était déjà sorti en 2011 en français aux éditions Michel Lafon sous le titre "Une vie volée", je vous présente aujourd'hui une réédition chez Archipoche, donc merci à eux et à Camille de LP COnseils pour ce Service presse!
Je vous avoue que ce n'est pas une chronique facile à écrire, mais c'est logique puisque ça n'a pas été un livre facile à lire... Quand on m'a proposé ce livre, j'ai hésité... Je me doutais que cette histoire vraie serait difficile à lire, et en même temps j'avais envie de connaître le témoignage de cette jeune femme qui a eu le courage de vouloir le partager avec nous, et le courage de réussir à se replonger dans ses souvenirs si douloureux et à mettre des mots sur ce qu'elle a vécu...
En même temps, je ne sais pas pour vous, mais pour moi, ces histoires d'enfant kidnappé qui finit par réussir à se sauver et à se reconstruire éveille en moi une sorte de curiosité malsaine, comme les accidents sur le bord de la route dont on n'arrive pas à détourner le regard...
J'ai exactement le même âge que l'auteure, donc j'avais exactement le même âge qu'elle qu'elle lorsque tout ça lui est arrivé, dont je me suis facilement identifié à ce qui lui arrive et à ce qu'elle a ressenti, même si c'est notre seul point commun.
Comme moi, vous avez sûrement entendu toute votre jeunesse votre famille vous mettre en garde afin de faire attention de ne pas se faire kidnapper et nous reproduisons ça aussi sur nos enfants: de ne pas parler aux inconnus, de crier et de s'enfuir en courant si un adulte leur fait du mal, etc...

Malheureusement, la petite Jaycee de 11 ans qui se rendait tranquillement à pied à son arrêt de bus n'a pas pu éviter son enlèvement qui était trop bien préparé... Elle n'a pas pu courir pour essayer de s'échapper. La pauvre enfant ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle se retrouve enfermée dans une arrière-cour, attachée les premiers temps, elle ne voit pas la lumière du jour pendant des mois avant que Philip, son ravisseur commence à lui faire confiance. Jaycee obtient ensuite peu à peu quelques "libertés" car elle a compris qu'elle n'obtiendrait rien en posant sans cesse des questions, en se débattant ou en refusant d'accéder aux demandes de son ravisseur. Elle préfère coopérer et ne pas le contredire.
Jaycee ne voit que lui pendant des mois, totalement dépendante de lui et souffrant affreusement de solitude, elle en vient à espérer ses visites pour ne plus être seule, mais à les redouter en même temps quand il exige des séances de sexe... Car oui le ravisseur de la petite fille avoue lui-même souffrir d'un problème sexuel, dont elle est la seule à pouvoir le soulager "pour ne pas qu'il fasse de mal à d'autres personnes". Pourtant il est marié à Nancy, mais la fameuse Nancy est complice de son mari, et ne fait rien pour aider Jaycee. Ce Philip est un insupportable manipulateur, il sait très bien s'y prendre pour la culpabiliser et pour se rendre indispensable auprès de la jeune fille puisqu'elle ne voit personne d'autre!
Jaycee grandit enfermée, devient une jeune fille, et tombe enceinte. La naissance de ses enfants vont lui permettre de se sentir moins seule, mais paradoxalement, ils lui donneront aussi de moins grandes chances de réussir à se sauver car elle ne pourra jamais envisager de les abandonner à son ravisseur...

Le récit de Jaycee est un peu décousu, comme elle le dit elle-même, car ça a dû être terrible pour elle de se replonger dans ses souvenirs, tout en étant libérateur de réussir à extérioriser ses traumatismes. Et en même temps, elle a passé tellement de temps enfermée à ne rien faire, à obtenir petit à petit de quoi s'occuper comme une télévision ou une petite console de jeu. Donc les jours se suivaient et se ressemblaient tellement qu'il ne se passait souvent pas grand-chose. Donc elle nous livre le récit des moments les plus marquants pour elle. Au fil de son récit, elle nous explique ce qu'elle pense et ressent actuellement par rapport aux souvenirs qu'elle nous raconte, ou alors elle nous explique ce qu'elle est devenue maintenant qu'elle est en liberté. Et j'ai beaucoup aimé cet aspect de sa narration, qui marque une pause dans un récit bouleversant, et qui nous permet d'en avoir une deuxième lecture. Ensuite, il y a partie du livre écrite sous la forme du journal intime qu'elle a écrit à l'époque de sa captivité. 

Donc au final, une lecture difficile de par son thème et certaines scènes choquantes. Mais c'est une lecture que je vous conseille malgré tout car c'était important pour Jaycee de partager avec ses lecteurs son témoignage. On ne peut s'empêcher de se mettre à la place de cette petite fille de 11 ans terrorisée par ce qui lui arrive, mais aussi de sa maman, dont la petite fille a disparu et qui n'a jamais perdu espoir, puis de cette jeune femme qui est enfin délivrée à l'âge de 29 ans, sans avoir eu d'adolescence ni de vie d'adulte saine et épanouie. Elle a 29 ans physiquement, mais elle est encore une petite fille effrayée et timide de 11 ans psychologiquement.
Mais c'était aussi important pour Jaycee de dénoncer la négligence des services de police américains, puisque Philipp Garrido était un récidiviste, en liberté surveillée, et jamais personne n'a compris ce qu'il faisait chez lui...

Il y a peu de suspense dans cette histoire, puisque l'on sait dès le départ quelle sera la durée de sa captivité, ainsi que le fait qu'elle va devenir maman de 2 petites filles très tôt, et donc qu'elle va être abusée par son ravisseur... Par contre, ce que j'attendais de savoir, c'est quelles seront les conditions de sa libération et comment se déroulera sa vie après son retour dans la "vie réelle".
Car ça ne doit vraiment pas être facile après toutes ces années d'enfermement (même si elle pouvait sortir parfois accompagnée) et de manipulation, avec pour seule compagnie ces deux personnes droguées aux comportements déviants, de pouvoir revenir dans la "vie réelle", et de se retrouver entourée de beaucoup de personnes qu'elle ne connaît pas.

Par contre, je reprocherais juste une chose à ce livre, c'est de ne pas savoir ce qui est arrivé à Philipp et Nancy, ses deux ravisseurs et tortionnaires, après la libération de Jaycee. Je voulais savoir s'il était mort, s'il s'était suicidé comme ça arrive souvent, ou s'il avait été condamné. J'ai dû aller fouiller sur internet pour avoir une réponse à cette question, donc je vais vous faciliter la vie en vous dévoilant que Philipp Garrido a écopé de 431 ans de prison, et Nancy de 36 ans. Et Jaycee a bénéficié d'une très belle somme d'argent de dommages et intérêts de la part de l'administration pénitentiaire pour négligence!!!!
Au moins, il y a eu une certaine justice dans cette histoire...


Mon extrait:
22 août 2002
J'ai envie d'écrire tant de choses, mais j'ignore par où commencer. J'ai versé des larmes la nuit dernière. Pas énormément, juste quelques unes. Je me sentais si mal. Parfois, j'ai envie de m'enfuir loin de cet univers. Je vivrais dans mon monde. Je serais dotée de superpouvoirs, par exemple celui de guérir les gens et les animaux. Je serais également capable d'entendre leurs pensées. Je pourrais comprendre toutes les bêtes de la création. Je sillonnerais la terre sur un cheval couleur de feu à la crinière blanche comme de la neige. Je serais une héroïne dans mon univers. J'irais aider ceux qui souffrent où qu'ils soient dans le monde et , dans mon sillage, je ne laisserais que du bonheur. (...) Ah! si seulement je pouvais habiter dans ma tête. Je sais que je ne m'enfuirai jamais. J'aime trop mes filles pour les abandonner. Nous fuirons ensemble ou pas du tout. Donc, pour l'instant, c'est pas du tout.


Chronique de Nini Tessie-cop
Poche: 288 pages
Editeur : Archipoche (4 avril 2018)
Collection : Récits, témoignages

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