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lundi 17 avril 2017

ONDE DE CHOC, de Carmen Bramly

Sortie le 29 mars 2017

Résumé: "Avant de sauter, elle devait retrouver la perle. Un cadeau de Marcus, pour ses vingt ans, elle y tenait beaucoup... Assisterait-il au moins à ses funérailles? Qui irait le prévenir? Sa grande soeur s'était disputée avec lui, et ils avaient rompu alors que Shana était enceinte de leur premier enfant.
Avait-elle le droit de se tuer? N'était-ce pas prendre le risque de compromettre l'équilibre de son futur neveu, ou nièce, que de lui envoyer des mauvaises vibrations avant même qu'il n'ait poussé son premier cri?"

Parfois, il faut se détruire pour mieux se reconstruire.

Mon avis: On commence directement dans le vif du sujet:  Lucie qui se tient sur le bord de la fenêtre de sa salle de bain dans l'intention de se jeter dans le vide...
Mais pourquoi Lucie veut-elle en finir avec la vie alors qu'elle n'a que 20 ans? Qu'est-ce qui a pu la conduire à prendre cette décision si radicale? La jeune étudiante n'a pas une vie trépidante, elle est une jeune étudiante qui devrait croquer la vie à pleines dents, mais de là à se jeter par la fenêtre...
Sa vie se partage entre des études de littérature, une mère plus absorbée par ses patients et son boulot de psy que par ses filles, une soeur de 10 ans son aînée passionnée par son boulot mais qui vient de larguer le futur père de son bébé alors qu'elle n'est qu'au début d'une grossesse tant désirée, un petit ami fade qu'elle n'aime pas et avec lequel elle a toujours simulé et un père déserteur depuis ses 2 ans.
La seule personne qui a toujours été présente dans sa vie, c'est Marcus, le fameux ex de sa soeur. Leur histoire a commencé lorsque Lucie n'était qu'une enfant et Marcus a toujours été là pour elle. Pour discuter, pour l'écouter, pour lui remonter les bretelles quand elle faisait des conneries ou qu'elle était prise en flagrant délit de mensonge. Marcus a toujours été une sorte de figure paternelle/fraternelle pour Lucie.
C'est donc lui qu'elle appelle après sa tentative de suicide ratée, lorsqu'elle se retrouve aux urgences pour une fracture de sa jambe. Seule à Paris dans un appartement au 3e étage sans ascenseur, avec son plâtre et ses béquilles, Marcus décide de l'emmener en vacances avec lui à Majorque! Vacances prévues initialement avec sa fiancée Shana, la soeur de Lucie, mais maintenant vacances afin d'oublier sa rupture avec elle... Lucie se retrouve donc dans un endroit paradisiaque, dans les fringues trop petites de sa sœur, avec l'ex de sa sœur enceinte, avec la seule personne qui se soucie d'elle... belle convalescence!
Lucie ne comprend d'ailleurs pas pourquoi Shana a quitté Marcus!!! Il est tellement beau avec ses dreads et ses yeux bleus, tellement gentil! Il fera certainement un excellent père malgré ses horaires décalés dus au bar qu'il tient à Paris. Maintenant devenue femme, Lucie a plus de mal à voir Marcus comme une image paternelle, elle préfère voir en lui un fantasme oedipien qui  lui permettrait enfin de trouver du plaisir...

Sincèrement, au début, je n'ai pas tellement aimé le personnage de Lucie... Elle ne s'aime pas et ça fait qu'on ne l'aime pas vraiment non plus... Elle voit des symboles sexuels partout, le levier de vitesse est la verge de la voiture, la pleine lune est enceinte du soleil, ce père absent qui s'en va dès que la lune se pointe, métaphore de son père à elle absent lui aussi dont elle n'a d'ailleurs pas fait le deuil, qu'elle n'a quasiment jamais connu et qui l'obsède. Elle fait donc un transfert sur Marcus, mi-image paternelle, mi-beau-frère, mi-fantasme de l'amant idéal.
Lucie a eu plusieurs petits-amis mais elle n'a jamais connu l'orgasme, ni même le début d'une ébauche de plaisir. Elle a toujours simulé, attendu que ça passe... Elle se cherche beaucoup, cherche qui elle est, qui elle a envie d'être, avec qui elle aurait envie d'être. Elle n'assume pas ses actes, les rumine en boucle, nous fait partager ses ruminations sans fin. Elle ne s'exprime pas beaucoup, même quand elle a envie de s'expliquer avec quelqu'un, elle pense beaucoup à ce qu'elle devrait dire mais au final ne dit rien, ne s'exprime pas, et rumine, fantasme...
Lucie se perd souvent dans dans des digressions métaphoriques intérieures, ce qui fait qu'il y a à certains moments assez peu de dialogues et ça m'a beaucoup manqué, ça rend la première partie du livre assez longue...

Et ensuite on comprend! On comprend ce qui l'a conduite à sa tentative de suicide, pourquoi elle n'est pas épanouie dans sa vie, pourquoi elle a une sexualité passive tout en ayant des obsessions en voyant des symboliques sexuelles partout.
Lucie a décidé d'enfin reprendre sa vie en main. Elle affronte ses peurs et son passé, et prend des décisions qui la font avancer. Elle apprend aussi à s'aimer, ce qui fait que nous apprenons nous aussi à l'apprécier!
J'avoue que j'ai beaucoup plus aimé la Lucie de la fin du livre que celle du début!

Merci aux éditions JC Lattès pour le service presse et pour m'avoir fait découvrir ce livre!

Mon extrait:
Il dégrafa son soutien-groge à travers sa robe, ou plutôt celle de Shana, qu'elle portait encore, ne s'étant toujours pas changée. Elle sentit les bretelles retomber sur ses épaules, ses seins peser.
En avait-elle envie? Aucune importance, elle pouvait bien faire ça pour Arthur, non? Se coucher à plat dos, et attendre qu'il ait fini de lui bourrer la cavité. (...)
Pourquoi un rideau ne s'abaissait-il pas, une fois Arthur en elle, comme au théâtre? Elle passerait aussitôt à la scène suivante: lui, remontant sa braguette, elle, reboutonnant sa robe. (...)

Vierge, Lucie s'était sentie pleine, entière. Après son dépucelage, elle était devenue un trou: elle marchait comme si un gouffre s'était ouvert entre ses jambes. Cela sonnait mieux en anglais: "from a whole to a hole". Pour prendre du plaisir avec un homme, il fallait qu'elle se sente pleine à nouveau.
Ce trou, elle puiserait en elle-même pour le combler. Cela ne pouvait venir ni d'Arthur ni d'aucun autre. Pas de professeur salvateur, pas de mécanicien du sexe. (...) Elle ne serait opérationnelle que quand elle se montrerait capable de se regarder dans le miroir avec amour, du moins avec une bienveillance égale pour ses défauts et ses qualités, pour ce qui faisait qu'elle était elle, Lucie et pas une autre. Ce jour-là, elle pourrait enfin jouir, et non plus se faire baiser sans rien ressentir, monter les hommes en amazone et bouger les reins pour se faire croire qu'elle n'était pas qu'un orifice apathique. On peut se tortiller et rester passif, elle en savait quelque chose.

Chronique de Nini Tessie-cops
Broché: 220 pages
Editeur: JC Lattès (29 mars 2017)
Collection: Littérature française

2 commentaires:

  1. Il a l'air un peu bizarre....

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  2. J'aime bien ta phrase: "Lucie se perd souvent dans des digressions métaphoriques intérieures".
    Cela résume bien l'essentiel du livre, je trouve et pourtant quelle beauté d'écriture ...

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